Message du Conseil d’administration
Les bons résultats de la gestion des placements de la Caisse de pensions de l’Etat de Vaud (CPEV) en 2024 s’inscrivent dans la ligne favorable dessinée en 2023. Du point de vue du Conseil d’administration, ce contexte est propice à une refonte bien réfléchie du plan de financement de notre institution de prévoyance de corporation de droit public, dans l’intérêt aussi bien de ses assurés que des employeurs affiliés.
Après un exercice 2023 positif, la performance des placements de la CPEV a encore progressé en 2024, pour atteindre un taux global de 6,7%. Ces bons chiffres doivent bien sûr être attribués aux placements en actions et dans une moindre mesure en obligations, dont les marchés se sont bien comportés durant l’année écoulée. Il faut aussi saluer l’apport apprécié des investissements effectués, à des fins de diversification, en or physique, dont la valeur a substantiellement augmenté.
Parallèlement, la CPEV entretient et développe son important parc immobilier, majoritairement composé de logements, mais aussi de surfaces d’activité, telles que le bâtiment Leucine, mis en exploitation sur le site de Biopôle. De plus, la volonté de répartir les risques et la recherche de rendement parmi différents types de placements ont amené la CPEV à se positionner notamment dans le financement des infrastructures. Au niveau international, cette démarche s’effectue entre autres via un partenariat avec la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui se distingue par une longue expérience et une forte présence dans ce domaine. La CPEV détient notamment une participation indirecte dans la société Valorem, active dans le développement et l’exploitation d’installations de production d’énergie solaire, hydroélectrique et éolienne.
Depuis plusieurs années, la CPEV s’engage dans le domaine du développement durable au travers de sa politiquement de placement ainsi que de la gestion de son parc immobilier. La CPEV poursuivra ses efforts dans le cadre de la nouvelle stratégique climatique 2030 qui sera présentée en 2025 avec des objectifs ambitieux.
Au terme de l’exercice écoulé, notre institution de prévoyance a atteint un peu plus du quart du niveau de réserve de fluctuation de valeur qu’elle vise, pour parer aux grandes variations des marchés financiers. C’est dire que notre caisse de pensions demeure exposée aux effets d’éventuelles baisses importantes des cours boursiers, a fortiori si ces baisses devaient s’étaler sur plusieurs exercices.
Au début de l’année dernière, notre Conseil d’administration ne cachait pas sa préoccupation quant à l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat de nos pensionnés. Dans l’intervalle, le spectre de l’augmentation du coût de la vie s’est temporairement estompé en Suisse. Cela étant, l’environnement géopolitique particulièrement instable, engendrant des risques notables en termes de coût d’approvisionnement en matières premières et en énergie, donne à penser que l’inflation pourrait faire son retour tôt ou tard.
Ces points d’attention font partie de la réflexion que le Conseil d’administration poursuit en ce qui concerne le financement à long terme de la CPEV, avec l’objectif d’un taux de couverture de 80% au 1er janvier 2052 fixé par le législateur fédéral. Selon le dernier plan de financement que nous avons élaboré et qui a été validé en 2024 par l’Autorité de surveillance LPP et des fondations de Suisse occidentale (As-So), c’est au 1er janvier 2026 qu’il est prévu de faire entrer en vigueur une révision du règlement des prestations de prévoyance intégrant les adaptations qui doivent permettre d’atteindre cet objectif, avec la marge nécessaire pour faire face aux incertitudes telles que les fluctuations des placements, l’inflation ou encore l’augmentation de la longévité. Envisagées de longue date, ces dispositions censées déployer leurs effets dès le 1er janvier 2027, sous réserve des mesures transitoires usuelles, sont le report de deux ans de l’âge de retraite et l’augmentation de deux ans de la durée d’assurance requise pour l’obtention d’une rente maximale.
Mais ce plan de financement en vigueur ne fige pas le sort de notre caisse de pensions et de ses assurés. En effet, notre Conseil d’administration a poursuivi ses discussions avec les parties prenantes que sont les représentants des employeurs et des assurés, à savoir respectivement le Conseil d’État et les syndicats et associations de personnel. Dans ce contexte, notre objectif est de trouver les moyens de non seulement maintenir autant que possible le niveau actuel des prestations de notre institution de prévoyance, mais de moderniser aussi ces prestations, pour tenir compte des situations réelles des assurés actifs. On observe de manière générale qu’au fil du temps, ces situations (carrières professionnelles, durées d’assurance, structures familiales, etc.) ont évolué notablement, par rapport à ce qui prévalait au moment où le plan d’assurance actuel a été établi. Il est ainsi souhaitable que les prestations soient périodiquement adaptées pour tenir compte de telles évolutions.
Le Conseil d’administration a la compétence de fixer les prestations de prévoyance, mais non le financement de la CPEV. C’est pourquoi le futur de celle-ci à long terme dépend d’une large concertation avec les partenaires précités. Nous avons dès lors à cœur de partager avec eux le résultat de nos réflexions, en vue d’atteindre un large consensus sur un plan de financement plus ambitieux que les mises à jour de cette planification effectuées ces dernières années.
Nous avons aujourd’hui l’avantage de pouvoir mener ces travaux alors que notre institution de prévoyance ne traverse pas de crise, mais dispose au contraire d’un petit coussin de sécurité. Toutefois, celui-ci n’a rien d’un oreiller de paresse, dans l’environnement économique houleux que nous connaissons au niveau mondial. Les acteurs concernés doivent ainsi saisir cette occasion de consolider les fondements de la CPEV, plus de dix ans après sa dernière réforme majeure entrée en vigueur le 1er janvier 2014.
Pour le Conseil d’administration,
Yves Froidevaux, Président
Stéphane Gard, Vice-président