Message du Conseil d’administration

En avril 2022, l’Autorité de surveillance LPP et des fondations de Suisse occidentale a approuvé la mise à jour quinquennale du plan de financement de la CPEV. Elle a ainsi validé la décision du Conseil d’administration de ne pas baisser les prestations promises aux assurés actifs avant 2025, grâce notamment à la très bonne performance des placements en 2021. Pour autant, l’ouvrage a été remis très vite sur le métier, l’actualité internationale ne laissant aucun répit, bien au contraire. Il s’agit désormais d’évaluer les capacités de notre institution de prévoyance, en particulier de ses placements, de faire face à des changements importants, tels que le retour de l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et une tendance négative des marchés boursiers.

En matière de gestion de fortune, rien n’est jamais acquis. Alors que la CPEV a débuté l’exercice écoulé en position relativement confortable, la déflagration de la guerre en Ukraine est venue renforcer une inflation dont on se demandait déjà si elle allait s’installer durablement. Et la hausse des taux d’intérêt par les banques centrales, qui en soi paraît une bonne nouvelle pour la performance des placements à moyen terme, a causé en premier lieu une baisse des marchés boursiers, en perte de confiance.

C’est dans ce contexte que le Conseil d’administration a procédé, avec le concours éclairé de Retraites Populaires, gérante de notre Caisse, et de spécialistes externes, au réexamen périodique de l’allocation stratégique de nos avoirs, d’une part, et des rendements qu’on pouvait espérer en tirer à l’avenir, d’autre part. Si certains ajustements ont été effectués, l’orientation reste la même, avec le choix d’une grande diversité des types de placements et donc une répartition des risques encourus. En ce sens, la part notable d’investissements de la CPEV en immeubles et en infrastructures procure des rendements stables, qui atténuent la baisse globale des résultats dues aux turbulences boursières récentes.

C’est pourquoi, au terme de cet exercice qui n’en demeure pas moins négatif, la CPEV respecte le chemin de recapitalisation qui lui a été tracé jusqu’en 2052. L’essentiel de la réserve de fluctuation de valeur constituée a été utilisée fin 2022 afin de compenser les pertes de l’année. L’équilibre recherché pour le financement des prestations est atteint, mais il est fragile. Il convient de mesurer l’impact des nouvelles perspectives de nos placements sur la couverture future de ces prestations. Les engagements à long terme auxquels celles-ci correspondent sont eux-mêmes réévalués régulièrement par l’expert de la Caisse et la gérante, en fonction de l’évolution de paramètres actuariels tels que la longévité.

Aujourd’hui, on doit porter une attention soutenue à l’inflation et à la perte de pouvoir d’achat qui en résulte pour nos rentiers. Dans son premier plan de financement établi en 2013 suivant le nouveau droit fédéral gouvernant les institutions de prévoyance de corporation de droit public en capitalisation partielle, la CPEV n’a pas été dotée d’une part de cotisation ni d’une mise de fonds initiale destinées à alimenter l’indexation des rentes. Il est vrai que dans un plan d’assurance qui dépasse les seuils du minimum LPP, l’indexation des rentes n’est pas imposée par la loi. Cela étant, le sort des rentiers, alors qu’ils ne sont précisément plus guère en mesure de réagir à cette perte de pouvoir d’achat par l’acquisition de nouveaux revenus, reste une préoccupation du Conseil d’administration dans le cadre de ses réflexions.

Rappelons-le, notre organe assume la tâche de fixer les prestations dans un cadre de financement déterminé. Aujourd’hui, l’indexation des rentes (dont les modalités restent à définir) ne pourrait être assurée dans ce cadre sans un apport financier externe et/ou une incidence sur les prestations assurées.

Au-delà de l’indexation des rentes, l’objectif du Conseil d’administration consiste à donner aux représentants des employeurs et à ceux des assurés une image aussi parlante que fidèle de l’état actuel de la CPEV. Nous souhaitons donc que tous les intéressés aient pleine conscience de ce qui se dessine dans le futur, afin d’en tirer à temps toutes les conséquences pour les prochaines échéances. Il s’agit donc que les différentes parties prenantes soient orientées dès cet été, afin que les mesures nécessaires puissent être déterminées d’ici à la fin de l’année 2023. 2024 sera consacrée aux travaux de concrétisation afin d’être pris en considération dans une adaptation du plan de financement de notre Caisse de pensions au 1er janvier 2025.

Plus couramment, une information sur la marche de la CPEV doit être donnée à tous les assurés. Hormis le présent rapport annuel, nous communiquons régulièrement par divers canaux tels que le site Internet et notre newsletter. Nous mettons notamment un accent sur les aspects d’investissements responsables (ESG). Nous avons par exemple diffusé récemment notre décision d’accélérer le rythme des rénovations énergétiques du parc immobilier, en doublant le budget qui leur est dédié. Cela constitue une démarche ambitieuse, car il faut pouvoir disposer des acteurs-clés, très recherchés de nos jours, à chaque étape du processus, qu’il s’agisse de la conception du projet, de l’avancement de la procédure d’autorisation ou de l’exécution du projet elle-même.

A un niveau plus personnel, il est crucial de renseigner les assurés sur leur prévoyance et de les mettre ainsi en mesure de prendre d’éventuelles décisions (modification du taux d’activité, rachat, éventuellement versement anticipé pour acquisition de la propriété foncière, etc.). La gérante a développé pour la CPEV un Espace personnel numérique, qui emporte un grand succès et dont les fonctionnalités sont en plein développement. Ce portail permet aujourd’hui un accès de plus en plus aisé aux informations individuelles. A l’avenir, on pourra aussi procéder à des opérations en ligne ayant un effet concret sur la structure de sa propre prévoyance. A cet égard également, notre Caisse de pensions vit avec son temps.

En conclusion, pour la CPEV comme pour les autres acteurs du deuxième pilier, les défis ne manquent pas. Mais force est de constater que dans le passé récent, on a pu concevoir des solutions propres à régler les situations délicates qui se sont présentées. Le Conseil d’administration œuvre sans relâche afin que les nouveaux défis trouvent une réponse adéquate, en faveur de tous les assurés de notre Caisse de pensions.

Pour le Conseil d’administration,

Michèle Mottu Stella, Présidente

Yves Froidevaux, Vice-président

 

 

 

 

 

 

 

 

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